Dans un pays où deux langues officielles se côtoient et où les marchés sont mondialisés, on pense souvent que le bilinguisme est essentiel pour faire sa place sur le marché du travail.
Mais qu’en est-il vraiment ? Maitriser le français et l’anglais est-il aussi nécessaire qu’on le suppose ?
En tant que chercheur d’emploi, devez-vous maitriser les deux langues pour augmenter vos chances de succès professionnel ? En tant qu’employeur, êtes-vous en droit d’exiger le bilinguisme chez vos employés ?
Petit état des lieux sur cette compétence souvent valorisée sur le marché de l’emploi.
Le bilinguisme sur le marché du travail canadien
Au Canada, les candidats bilingues sont notamment recherchés pour les postes et professions comportant des contacts fréquents avec le public, que ce soit des échanges avec des clients, collègues, collaborateurs ou candidats potentiels parlant le français ou l’anglais.
Cette préférence est particulièrement courante au Nouveau-Brunswick et au Québec, ce dernier n’étant rien de moins que le champion canadien du bilinguisme !
En effet, les emplois bilingues sont courants dans les régions francophones, mais plutôt rares dans les provinces de l’Ouest canadien.
Au Québec, 26 % des offres d’emplois exigent le bilinguisme ou mentionnent une préférence pour les candidats bilingues. C’est 6,5 fois plus que la moyenne canadienne. D’ailleurs, même si la province est officiellement francophone, 63 % des emplois bilingues au Canada se trouvent au Québec, là où l’on compte également le plus grand nombre de Canadiens bilingues.
Compétences linguistiques demandées : droits et obligations
Au-delà des statistiques, au moment d’afficher une offre d’emploi pour un poste à combler dans votre équipe, vous vous demandez peut-être si l'exigence du bilinguisme comme critère recherché chez votre futur employé respecte la loi.
Alors que ce fut longtemps une pratique courante au Québec, le 1er juin 2022, la loi no 96 (Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français) est venue modifier la Charte de la langue française, imposant désormais de nouvelles obligations aux employeurs.
D’abord, mentionnons que l'article 46 de la Charte de la langue française interdit à un employeur d'exiger la connaissance d'une langue autre que le français pour accéder à un emploi ou un poste, sauf si cette langue est nécessaire à l'accomplissement efficace et normal des tâches et que l’employeur peut le démontrer.
En tant qu’employeur, il est d’ailleurs important de documenter les cas où vos employés devront utiliser l'anglais dans le cadre de leurs fonctions, puisque si l’on conteste un jour la pertinence de vos exigences, il sera essentiel que vous puissiez en apporter la preuve.
En plus de cette nécessité, la nouvelle loi exige dorénavant aux employeurs de :
- procéder à une évaluation permettant de déterminer les besoins linguistiques réels associés aux tâches à accomplir;
- s’assurer que les connaissances linguistiques des autres employés sont insuffisantes pour accomplir ces tâches;
- restreindre le plus possible le nombre de postes dont les tâches nécessitent la connaissance ou un niveau de connaissance spécifique d’une autre langue que le français.
En d’autres mots, en tant qu’employeur, vous devez prendre tous les moyens raisonnables pour éviter d’exiger la connaissance d’une langue autre que le français comme condition d’emploi.
Si toutefois un poste l’exige, votre offre d’emploi devra spécifier les raisons d’une telle exigence et être disponible en langue française.
Les avantages d’être un candidat bilingue
Côté chercheur d’emploi, que ce soit exigé ou non dans votre métier et les emplois que vous convoitez, savoir parler français et anglais est une habileté remarquée par les employeurs et peut indéniablement être un atout pour votre carrière.
De plus, le bilinguisme est souvent associé aux avantages suivants :
- une meilleure employabilité : les employeurs sont attentifs à cette compétence et votre bilinguisme pourrait vous permettre de vous démarquer face aux candidats concurrents;
- des opportunités de carrière multipliées : occasions de travail à l’extérieur du Québec ou à l’international, responsabilités variées, accès à de meilleurs salaires;
- des impacts positifs sur la santé et le développement de différentes compétences reconnues sur le marché du travail : le fait de parler une deuxième langue irait souvent de pair avec des qualités comme l’ouverture d’esprit, la capacité d’adaptation, la flexibilité, la productivité ainsi que la facilité à gérer de multiples tâches à la fois et de travailler en environnement multiculturel. De plus, les neurosciences ont démontré que l’apprentissage d’une nouvelle langue développe la créativité, la concentration et la mémoire chez l’enfant et contribue, chez l’adulte, à réduire les effets du vieillissement du cerveau.
Ceci dit, être bilingue n’est pas pour autant un gage de succès professionnel. Que vous le soyez ou non, plusieurs autres compétences tout aussi utiles et importantes contribuent évidemment à vos chances de mener une carrière épanouissante.
Toutefois, si vous possédez ces compétences linguistiques, ne soyez pas trop modeste : vous avez tout intérêt à les valoriser dans votre CV et au cours du processus d’embauche !