S’il y a bien un métier à risque dans l’industrie de la construction, c’est bien celui de signaleur routier !
Travaillant dans un environnement périlleux où interviennent divers usagers de la route, faisant face à la vitesse des véhicules circulant à proximité et aux conditions météorologiques changeantes, ils sont continuellement appelés à la vigilance.
Pourtant, maître d'œuvre, employeurs, travailleurs et automobilistes ont tous un rôle à jouer en matière de prévention.
Explorons quelques dessous du métier, les rôles et responsabilités de chacun, ainsi que les mesures à mettre en place pour bien protéger ces travailleurs essentiels particulièrement exposés aux dangers sur les chantiers routiers.
Signaleur routier et signaleuse routière : un métier exponentiellement à risque
Chargés d’assurer la sécurité et la fluidité de la circulation automobile aux abords des zones où se déroulent des travaux routiers, les signaleurs routiers sont de plus en plus nombreux à être blessés, voire à mourir, dans le cadre de leurs fonctions.
Selon un bilan de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), de 2017 à 2021 seulement, malgré les efforts de prévention et de sensibilisation déployés, les accidents concernant ces travailleurs ont fait un saut quantique de 168 % !
En effet, en 2017, 60 signaleurs routiers ont été impliqués dans un accident au Québec, alors qu’on en compte 161 à avoir été blessés en 2021.
Avec la multiplication des grands chantiers routiers en cours et à venir au Québec, nul doute que cette situation suscite des inquiétudes.
Alors que signaleurs routiers et signaleuses routières protègent les employés de chantier comme les usagers de la route, rappelons qu’ils doivent, eux aussi, être protégés.
Les métiers de la signalisation routière
Mais d’abord, qui sont les professionnels de la signalisation routière ? Ce champ de l’industrie regroupe quatre métiers :
- signaleur de chantier routier (qui gère la circulation des véhicules destinés aux travaux à l’intérieur du chantier, notamment lors de l’accueil, de la prise en charge et des manœuvres de recul);
- responsable en signalisation ou signaleur routier (qui contrôle la circulation des usagers de la route en leur donnant des consignes de signalisation lors d’entrave à la voie routière);
- superviseur des travaux de signalisation sur les chantiers routiers;
- gestionnaire de chantiers routiers.
Parmi eux, se sont indéniablement les signaleurs routiers les plus à risque en situation de travaux routiers avec signalisation.
Quand retirer les signaleurs routiers de la circulation ?
Qui dit travaux routiers, dit signaleurs routiers ? Pas nécessairement.
En fait, la présence de signaleurs routiers convient lorsque les autres méthodes de contrôle de la circulation (barrières, barricades, dispositifs de canalisation, feux de signalisation, camions de signalisation ou autres méthodes appropriées) ne sont pas suffisantes.
Elle est nécessaire pour assurer la sécurité des travailleurs et usagers de la route lorsque :
- les véhicules doivent obligatoirement s’arrêter à proximité de la zone de travaux;
- la circulation des conducteurs et de la machinerie doit être dirigée dans cette zone;
- la circulation doit se faire sur une seule voie, en alternance dans les 2 sens;
- la zone de travaux est impossible à voir à une distance sécuritaire.
Toutefois, on ne doit pas faire appel à eux sur les autoroutes et routes où la limite de vitesse affichée est de 100 km/h.
La prévention et la sécurité sur un chantier routier
La signalisation routière sécuritaire est une responsabilité collective, chacun ayant son rôle à jouer.
En tant que signaleur routier, vous devez notamment :
- vous informer de votre rôle et de vos responsabilités;
- suivre une formation de signaleur routier (obligatoire depuis le 1er janvier 2016) et toute formation supplémentaire exigée par la loi pour l’exercice de votre travail;
- porter l’équipement de protection individuelle requis;
- utiliser les différents équipements de signalisation obligatoires;
- avoir à votre disposition en tout temps des vêtements et accessoires essentiels à votre santé et sécurité : eau fraîche, lunettes de protection contre la poussière et le soleil, écran solaire, etc.;
- choisir un endroit où vous pouvez facilement diriger la circulation et transmettre des informations précises et conformes aux usagers de la route;
- prendre place sur l’accotement ou dans la voie obstruée, selon le cas;
- vous tenir debout face à la circulation;
- être placé à une distance minimale de visibilité selon la vitesse affichée près du chantier routier, selon les normes en vigueur.
Le maître d’œuvre et/ou l’employeur doit notamment, quant à lui :
- Planifier et mettre en place des mesures de prévention adaptées et des moyens techniques permettant de réduire ou d’éliminer le risque de heurt et l’exposition au danger pour le signaleur routier (barrière, feux de circulation de travaux, signalisation de détour, planification des travaux en fonction de l’environnement et des conditions météorologiques, etc.);
- Équiper : fournir l’équipement de protection individuelle et de signalisation requis (casque et vêtements de sécurité jaune-vert fluorescent à haute visibilité, chaussures de protection, protecteurs oculaires, protecteurs auditifs, panneau du signaleur conçu pour diriger la circulation, drapeau pour les situations particulières, moyen de communication, comme une radio, s’il y a plus d’un signaleur, éclairage, klaxon ou sifflet portatif, etc.);
- Éduquer :
- informer le signaleur routier des risques liés à son travail, le superviser et lui donner une formation,
- sensibiliser les conducteurs de véhicules lourds sur le chantier routier à la présence du signaleur par une gestion sécuritaire de la circulation;
- Organiser le travail sur le chantier :
- planifier la circulation sécuritaire des véhicules sur le chantier,
- assurer le remplacement du signaleur pendant les périodes de repos et de repas et lui offrir des conditions de travail sécuritaires pour sa santé, notamment lorsqu’il est exposé à des contraintes thermiques (lors d’une vague de chaleur ou de températures froides, par exemple) et ergonomiques,
- lors des travaux en période de noirceur, s’assurer que le signaleur routier est éclairé de façon à être visible à la distance minimale de visibilité d’arrêt indiquée par les normes en vigueur,
- informer toute personne appelée à circuler sur le chantier des mesures de sécurité prévues en ce qui a trait à la circulation;
- Prendre en charge les risques psychosociaux :
- informer vos travailleurs sur les différents types de violence (menaces, incivilité, agressions, harcèlement, etc.) auxquels ils peuvent faire face dans le cadre de leur travail, que ce soit avec les usagers de la route, leurs collègues ou tout autre intervenant interne ou externe, et les sensibiliser à l’importance de déclarer tout comportement inacceptable,
- ne tolérer aucune forme de violence, qu’elle provienne de votre équipe ou de l’externe, et mettre en place et appliquer des moyens de prévention en conséquence (code d’éthique, mécanisme de gestion des conflits, politique contre le harcèlement et la violence, formation sur les situations à risque et les méthodes et moyens de protection à appliquer, etc.),
- vous doter de mesures de soutien en cas d’événement problématique ou grave (programme d’aide aux employés, mécanismes d’enquête et d’analyse des événements, premiers soins psychologiques, etc.).
En mettant en action des mesures de prévention solides sur les chantiers routiers et en continuant à sensibiliser à la fois les différents acteurs de l’industrie et le grand public, souhaitons que les travailleurs œuvrant à la signalisation routière pourront dorénavant exercer leur métier en toute sécurité !