Dans un monde idéal, votre équipe serait constituée des meilleurs talents et chacun de ses membres serait choisi sur la base de ses compétences et non de sa beauté.
Mais qu’en est-il vraiment ? Et si, malgré vos bonnes intentions, l’apparence physique était un critère, bien plus important que vous ne le pensez, dans vos processus d’embauche ?
Voyons comment la beauté peut influencer la carrière et le choix des candidat(e)s et quels sont les meilleurs trucs pour déjouer le lookisme !
Quand la beauté joue des tours aux recruteurs
Souvent sous-estimé, le lookisme ou biais de l’apparence est la discrimination selon l’apparence physique. Selon Jean-François Marmiton, auteur du livre Psychologie des beaux et des moches, l’apparence physique serait d’ailleurs l’un des premiers motifs de discrimination dont sont victimes les chercheurs d’emploi.
Et c’est humain : d’abord parce que le physique est la première chose que l’on voit chez l’autre lors d’une première rencontre.
Mais aussi parce que, selon ce qu’on appelle l’effet de « halo », notre cerveau construirait automatiquement et inconsciemment une interprétation d’une personne et de ses caractéristiques à partir d’une perception sélective d’informations liée à la première impression. Puissante, cette première impression va alors teinter notre jugement sur tout le reste avec ce même a priori, positif ou négatif.
Selon certaines études, en contexte d’entrevue, les recruteurs se feraient une opinion sur la candidate ou le candidat en à peine trente secondes. Sous l’effet de ce biais cognitif et dans cette situation soumise aux contraintes de temps, ils se trouvent donc influencés par les traits physiques des candidats, qui jouent alors un rôle important dans le processus de sélection.
Des éléments comme le poids, le style et le fait qu’une personne corresponde ou non aux normes sociales de beauté ou à ses propres critères de beauté se transforment en préjugés venant influencer, positivement ou négativement, la façon dont l’on juge son talent, son intelligence, sa perception potentielle dans l'équipe, son sérieux, sa crédibilité et ses aptitudes à accomplir les tâches d’un poste, notamment.
Discriminer positivement… c’est quand même de la discrimination
Résultats ? On favorise souvent les personnes perçues comme physiquement attirantes lors de l’embauche, mais aussi pour l’attribution de promotions et d’augmentations de salaire.
Mais attention, puisque le lookisme se base sur des critères subjectifs sans lien avec les compétences, la beauté peut aussi jouer en défaveur d’une personne considérée comme jolie, l’écartant d’emblée d’un poste pour lequel elle serait pourtant une excellente recrue !
Double raison de déjouer et combattre consciemment le lookisme au sein de vos processus de recrutement.
À bas le lookisme !
Dans un sens, comme dans l’autre, force est d’admettre que, si l’on ne porte pas attention à ce biais, même involontaire, de telles situations ont le potentiel de porter préjudice tout autant à la carrière de chercheurs d’emplois et employés qualifiés qu’à la productivité et l’excellence des équipes de travail et des entreprises qui devraient alors se priver de précieux talents ou naviguer inconfortablement avec des recrues n’étant pas forcément à leur place.
D’autant plus que, par extension, les impacts vont bien au-delà de la dotation, pouvant également affecter l’engagement et la rétention de vos meilleurs talents, ce qui peut être lourd de conséquences devant l’importante pénurie de main-d’œuvre avec laquelle jonglent de nombreuses entreprises en construction.
Comment lutter contre les biais de l’apparence ?
En tant que gestionnaire, voici quelques trucs pour faire votre part contre le lookisme dans votre entreprise :
1. Misez sur l’éducation.
Offrez à votre personnel des ateliers et formations sur les biais, les préjugés et les différentes formes de discrimination dans le recrutement et au travail.
Ouvrez la discussion sur le sujet afin que chacun puisse partager ses pistes de solution et idées pour un environnement de travail inclusif et des pratiques de ressources humaines plus objectives et non discriminatoires.
Prenez activement part aux initiatives valorisant la diversité, l’inclusion et la richesse des talents variés et encouragez vos coéquipiers à y participer.
2. Faites partie de la solution !
Comme recruteur ou chef(fe) d’équipe, vous avez peut-être été vous-même affecté(e) ou témoin des effets néfastes du lookisme au sein de votre entreprise. Peut-être vous êtes-vous vous-même surpris(e) à entretenir des préjugés dans votre processus pour sélectionner les membres de votre équipe.
Personne n’en est complètement à l’abri et c’est en osant en parler ouvertement, en dénonçant chacune des situations injustes ou biaisées et les comportements discriminatoires, en soutenant activement les employés se retrouvant devant de telles circonstances, en observant humblement nos propres biais et en prenant conscience des filtres, stéréotypes et préjugés qui nous habitent que les pratiques de recrutement pourront devenir et rester plus transparentes, équitables et efficaces.
3. Tenez compte de l’existence des préjugés.
Comme ils sont souvent inconscients, mieux vaut repenser les critères d’embauche et de performance au sein de votre entreprise en tenant compte de leur présence.
Assurez-vous que vos gestionnaires accordent systématiquement la priorité aux connaissances et aux compétences plutôt qu’à l’apparence, en les outillant de processus structurés et objectifs permettant d’atténuer et de corriger les biais injustes et reposant sur une culture et des valeurs organisationnelles axées sur l’inclusion, la diversité et l’équité.
Une solution simple mais efficace pourrait être de doter les recruteurs et gestionnaires de votre entreprise de grilles d’évaluation leur permettant d’évaluer les candidats et les employés sur des données objectives, que ce soit lors de l’embauche, d’une promotion ou d’une demande d’augmentation salariale.
Recruteurs ou non, nous sommes tous humains et avons donc nos propres filtres. En y restant attentif, en encourageant quotidiennement un environnement de travail respectueux autour de vous et en insufflant plus d’objectivité dans vos méthodes d’évaluation et de recrutement, nul doute que vous contribuerez à déjouer les pièges de l’apparence qui s’y cachent et à bâtir des milieux de travail plus justes et sains.