Devant le manque criant de bras de l’industrie québécoise de la construction, certaines entreprises envisagent le partage d’employés.
Cette idée, pas si nouvelle, semble attrayante et prometteuse pour combler le besoin pressant de travailleurs. Mais cette astuce est-elle vraiment payante ?
À l’aide de notre guide, pesez les pour et les contre du partage de travailleurs et évaluez l’intérêt de cette solution pour votre entreprise.
Partager ses employés pour contrer la pénurie de main-d’œuvre ?
Selon les perspectives de la Commission de la construction du Québec (CCQ), d’ici 2026, l’industrie aura besoin d’environ 13 500 personnes par année.
Alors que la demande en nouvelles constructions est élevée, particulièrement dans le secteur résidentiel, certains entrepreneurs sont pourtant forcés de refuser des contrats par manque de main-d’œuvre.
Certaines entreprises ont donc décidé de s’entraider pour affronter cette situation en optant pour la mise en commun d’employés !
Ouvriers talentueux recherchés : les avantages du partage
Les entreprises ayant choisi de se prêter des employés entre elles pour remédier à la pénurie de travailleurs qualifiés y voient de multiples avantages :
- réduire l’incertitude des employeurs et des travailleurs (plus de stabilité et moins de chômage et de mises à pied) face aux saisons plus creuses. Cette avenue permet d’assurer du travail à votre équipe durant les périodes où vos chantiers ou projets sont moins nombreux ;
- réduire la pression de la pénurie de main-d’œuvre sur les entreprises ;
- simple à mettre en place grâce à une volonté partagée des entreprises impliquées de relever un défi commun ;
- réduire les couts d’embauche de nouveaux travailleurs ;
- contribuer au renforcement des relations d’affaires quand cet échange se fait avec des clients ou fournisseurs ;
- avoir accès à plus d’expertise, plus facilement. Si les besoins concordent, deux entreprises peuvent même embaucher un employé en commun pour partager les couts, profiter toutes deux de son expertise et offrir un emploi à plein temps à un ouvrier de talent qui n’accepterait pas un emploi à temps partiel.
En régions rurales, autant les entreprises que les travailleurs gagneraient au change :
- profiter d’une meilleure rétention des employés qui iraient, autrement, chercher un emploi plus stable dans un grand centre urbain à certains moments de l’année ;
- trouver plus aisément de bons employés même si les ressources sont moins nombreuses dans la région ;
- permettre aux travailleurs qui le désirent de rester pour travailler dans leur région.
Pour les employés partageant leur travail dans plusieurs entreprises, c’est autant d’opportunités pour rencontrer de nouvelles personnes, découvrir d’autres façons de faire les choses, apprendre de nouvelles méthodes de travail et élargir leurs compétences.
Des défis à considérer
Bien que riche en potentialités, le partage d’employés comporte tout de même des défis à prendre en considération avant de s’engager dans cette voie :
- rétention des employés prêtés : comment vous assurer que vos employés reviendront une fois leur travail accompli dans l’autre entreprise ?
- sécurité de vos employés : est-ce que l’autre entreprise offre un environnement de travail sécuritaire pour eux ?
- cette solution est peu encadrée : l’échange se fait selon les besoins et souvent de façon informelle entre propriétaires d’entreprises. Ceci contribue bien sûr à la simplicité de sa mise en place, mais une réflexion et une discussion préalables sont nécessaires pour que cette avenue soit un succès sur tous les plans.
Partage d’employés : mode d’emploi
Mettre en place un système d’échange d’employés peut être simple et gagnant pour tous, à condition de créer des conditions gagnantes, justement.
D’abord, comme il s’agit souvent d’ententes verbales, sans contrat, les entreprises ayant expérimenté le partage d’employés avec succès imposent généralement certaines règles non écrites comme l’interdiction de se voler des employés.
Elles s’entendent également souvent pour offrir aux employés les mêmes conditions salariales et avantages sociaux pour éviter un désavantage comparatif et contribuer à la rétention des travailleurs dans leur entreprise respective.
Le choix des entreprises avec lesquelles collaborer est d’autant plus crucial. Celui-ci devrait comprendre :
- un lien de confiance entre les entreprises impliquées ;
- un échange réciproque, avec des entreprises qui n’ont pas les mêmes périodes de pointe et de ralentissement que la vôtre, pour que chacune des équipes puissent s’attendre à un retour du balancier quand le besoin se fait sentir.
Une personne responsable de superviser ce partage de ressources humaines peut être nommée pour assurer une meilleure fluidité.
Celle-ci pourra veiller, par exemple, à ce qu’une formation soit offerte aux employés pour qu’ils soient fonctionnels d’une entreprise à l’autre.
Il sera clair dès le départ que l’entreprise accueillant l’employé lui versera un salaire, mais que cet employé restera celui de son employeur principal. Ce dernier portera aussi attention à lui faire sentir qu’il fait toujours partie de l'équipe.
Toutefois, le risque zéro n’existe pas et il est essentiel de comprendre que cette stratégie pleine d’avantages comporte aussi un risque d’affaires.
Malgré toute la bonne volonté engagée entre les entrepreneurs, leurs employés peuvent tout de même décider de rester dans ce nouvel environnement qui devait être temporaire… mais où il préfère le climat de travail, les collègues ou l’environnement.
Ceci dit, avec ces lignes directrices en tête, vous contribuerez certainement au partage constructif de vos travailleurs et à un véritable et précieux réseau d’entraide entre entrepreneurs.
Et vous, oserez-vous l’échange d’employés ?