Où en sont les pratiques de cadenassage sur vos chantiers de construction ?
Chaque année on recense des accidents de travail graves, même mortels, survenus à la suite de travaux effectués sur des appareillages électriques, machines ou équipements industriels dont les énergies ont été mal, voire aucunement, contrôlées.
Selon une étude de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), de 1990 à 2017, on a observé au Québec une moyenne d’un décès par année attribuable au dégagement intempestif d’une source d’énergie, dont 28 % dans le secteur de la construction entre 2010 et 2014.
Une situation préoccupante qui rappelle l’importance de contrôler les énergies dangereuses au moyen, notamment, de mesures de cadenassage appropriées.
Voyons comment implanter ces procédures efficaces sur vos chantiers.
Cadenassage : c’est quoi et pourquoi ?
Le cadenassage, qu’on appelle aussi verrouillage, est un ensemble de procédures préventives visant à neutraliser toutes les sources d’énergie d’une machine ou d’un équipement, avant d’y effectuer des travaux.
Elle permet alors à un ouvrier de travailler en toute sécurité sur l’appareil en question sans que ce dernier puisse être remis en marche accidentellement.
Contrôle des énergies : les exigences réglementaires
En 2016, l’apparition d’une section traitant spécifiquement du cadenassage et d’autres méthodes de contrôle des énergies dans le Code de sécurité pour les travaux de construction (CSTC) est venue offrir, pour la première fois, une réglementation explicite en la matière, venant normaliser les pratiques en cours dans l’industrie.
On y précise que le maître d'œuvre est responsable de l’encadrement, de l’élaboration et de l’application des méthodes et procédures de contrôle des énergies sur le chantier, et ce, sur chaque équipement et chaque machine spécifiques utilisés sur ce chantier.
Mon chantier est-il vraiment concerné ?
Avec toute la machinerie et les équipements utilisés couramment sur les chantiers de construction, même les plus petits, nul doute que l’industrie est concernée par le contrôle des énergies dangereuses.
Parmi les corps de métiers du secteur les plus touchés et susceptibles d'appliquer une méthode de contrôle des énergies au quotidien, on peut nommer les électriciens, frigoristes, mécaniciens et tuyauteurs.
Ils ne sont bien sûr pas les seuls. Que vos travailleurs interviennent sur un banc de scie, un camion-benne ou un panneau de distribution électrique, la méthode de cadenassage peut être différente, mais la procédure reste la même.
Pour leur offrir un environnement sécuritaire lorsqu’ils effectuent des travaux de maintenance ou de réparation dans la zone dangereuse d’une machine ou d’un équipement, votre procédure doit prévoir de :
- couper et désactiver la source d’énergie par un arrêt complet et sécuritaire de la machine;
- s’assurer qu’il n’y a aucune énergie résiduelle ou emmagasinée et, s’il y a lieu, l’éliminer ou, si c’est impossible, prévoir des dispositions pour la contrôler;
- installer le cadenas à clé unique;
- vérifier le cadenassage, avant de commencer le travail, pour s’assurer que les étapes précédentes ont bien été effectuées.
Ceci dit, selon le type, l’ampleur et les particularités de chaque chantier, il arrive que le cadenassage ne puisse être appliqué.
C’est pourquoi le règlement du CSTC autorise des méthodes alternatives, celles-ci devant toutefois être élaborées et appliquées selon certains critères.
Elles doivent alors être basées sur une analyse du risque placée sous la responsabilité du maître d'œuvre, incluant une planification adéquate des travaux et la mise en place de procédures bien définies, comme il est détaillé dans ces dispositions réglementaires.
Une procédure clé pour la prévention des accidents
Au regard des exigences réglementaires et des particularités de votre chantier, vous êtes prêt à maîtriser les clés du cadenassage ?
Voici les étapes à franchir pour établir une procédure de cadenassage efficace :
- Étape 1 : identifier la machine ou l’équipement pour lequel on doit créer une procédure de contrôle des énergies;
- Étape 2 : déterminer les responsables et les travailleurs impliqués;
- Étape 3 : identifier toutes les sources d’énergie dangereuses associées à cet équipement, qu’elles soient électriques, pneumatiques, hydrauliques, mécaniques, gravitationnelles, thermiques, résiduelles ou autres;
- Étape 4 : localiser les dispositifs de commande de chaque source d’énergie identifiée;
- Étape 5 : identifier et noter l’emplacement des points de coupure de chaque source d’énergie (ou le moyen de la contrôler);
- Étape 6 : dresser la liste de toutes les tâches pouvant être effectuées sur cet équipement et déterminer lesquelles peuvent l’être de façon sécuritaire à l’aide d’une procédure principale de contrôle des énergies et de celles nécessitant une méthode alternative;
- Étape 7 : spécifier les équipements (cadenas, moraillons, boîtes de cadenassage) nécessaires pour appliquer la procédure;
- Étape 8 : définir les étapes permettant de maîtriser et de dissiper les énergies tout en autorisant le cadenassage;
- Étape 9 : prévoir les mesures qui seront appliquées lorsque différentes équipes de travail se côtoient ou se succèdent sur les lieux;
- Étape 10 : au besoin, énoncer toute autre particularité visant la sécurité de la zone de travail concernée (exemple : équipements de protection individuelle requis).
Une fois ces étapes réalisées, refaites-les de nouveau pour chacun des équipements et chacune des machines dont les énergies sont à contrôler sur votre chantier.
De nouveaux travaux sur le contrôle des énergies dangereuses, en particulier pour les petits chantiers où le cadenassage n’est pas toujours possible ou moins approprié, pourraient voir prochainement le jour et offrir de nouvelles pistes de méthodes alternatives respectant la réglementation en vigueur.
C’est assurément un sujet d’actualité à surveiller pour la sécurité de nos chantiers !